Le YTT, un an après…

Bonjour les yogis,

Je lis souvent des articles sur comment une formation de professeur de yoga a changé la vie des auteurs, immédiatement et totalement… Ma formation m’a énormément apportée mais un an après, j’ai plus de recul sur les véritables changements opérés dans ma vie suite à cette formation.

Il y a tout juste un an, je reprenais le chemin du boulot après avoir eu la malchance d’attraper une salmonellose pendant le trajet de retour (moi qui pouvais s’enorgueillir de ne pas avoir été malade pendant le séjour, raté lol). Quinze jours d’arrêt maladie plus tard, je reprenais le fil de ma vie d’avant.

J’ai pensé qu’il était temps de faire un petit bilan qui m’est personnel bien évidemment.

Une fois mon petit bout de papier en poche et rentrée chez moi, je me suis dit, allez on va reprendre sa petite vie, avec évidemment une pratique plus précise et une connaissance approfondie du yoga mais rien de plus… C’était sans compter sur les petites graines semées par mes profs de yoga et les aléas de la vie qui sont nos plus grands professeurs…

Bah oui, je n’étais pas partie pour tout plaquer et devenir prof de yoga, je voulais juste approfondir ma pratique, visiter l’Inde, comprendre des choses et n’avais aucunement l’intention d’enseigner par la suite (je pouvais même rater mes exams, tant pis, j’avais appris le plus important). Et puis à la fin de la formation, j’ai une petite révélation quand j’ai enseigné la Première Série, toute seule, comme une grande. J’aimais ça, transmettre, enseigner, partager…

Et un an après alors?

L’année qui s’est écoulée n’a pas été des plus faciles pour moi : rien de grave mais mon corps a lâché vraiment pour la première fois de ma vie et ça m’a fichu un sacré coup et une grande leçon de vie…

Suite à la salmonellose, j’ai souffert d’une anémie ferreuse chronique, de celle qui vous fatigue constamment. Me lever le matin, sortir du lit était déjà un exploit. Inutile de demander si j’ai retrouvé mon tapis, impossible de faire du yoga ou du sport pendant des semaines.

J’ai toujours fait beaucoup de sport, été blessée aussi et m’arrêter, la convalescence, je connais mais là, c’est le corps entier qui lâche et le mental suit car cela m’a pris des mois à récupérer… Je ne me suis pas épanchée sur les réseaux sociaux alors que je suis plutôt très active… La raison est simple, mon ego souffrait de cette mise au repos forcé, et j’étais en colère contre ce corps qui me lâchait alors qu’il avait toujours retrouvé le chemin précédemment.

J’ai dû me reposer ou plutôt me poser. Trouver le bon traitement (les perfusions ne réglaient le problème que pendant quelques jours, je ne fixais pas les compléments ferreux…), adapter mon alimentation et récupérer a mis du temps, et surtout, j’ai eu des « rechutes » après des accalmies qui me faisaient espérer que ça allait mieux. Je précise que ce n’est absolument rien à côté de maladies comme le cancer mais j’ai surtout pris un gros coup au mental. Et quand on ne peut pas bouger, que fait-on? On cogite et c’est là que les petites graines ont germé…

Moi, la fière sportive qui avait vaincu l’anorexie et la boulimie, qui a bouclé des marathons, prof de fitness et yogie dévouée, étais à plat… Et ma jolie vitrine a volé en éclats : envisager des semaines sans sport a fait resurgir mes angoisses liées à mon poids, l’alimentation ; non, je n’étais absolument pas sereine à l’idée de ne pas bouger tous les jours, de me nourrir sans mes repères habituels, d’accepter un corps qui change irrémédiablement. Mes insécurités alimentaires étaient toujours là, juste étouffées par ma routine de fer. Ma vie ne respirait pas tant l’équilibre et la santé que je voulais le faire croire…

Manger sainement, faire du sport régulièrement, c’est très bien, à condition que ça ne tourne pas à l’obsession, à la torture, à la panique… Or, je me suis aperçue que ce n’était pas sain, je me souviens encore cette réflexion de mon professeur lors des premières jours de formation : Jessica, tu grimaces de souffrance et d’effort à chaque posture, le yoga, ce n’est pas du fitness. Et là, bam, effectivement, je ne voyais que l’aspect physique de la pratique et je passais à côté de l’essentiel…

J’ai compris alors que le yoga se pratiquait effectivement 24h/24 et même si je ne pouvais pas dérouler mon tapis, je pouvais profiter justement de ce moment pour faire le point et appliquer la non-violence à mon propre corps… J’ai beaucoup appris sur moi et pas forcément de la façon la plus agréable. Se remettre en cause n’est jamais facile.

Actuellement, tout est rentré dans l’ordre et j’ai retrouvé le chemin du tapis mais j’ai aussi complètement changé mon rapport à moi. En fait, je n’ai pas changé grand-chose en apparence mais intérieurement beaucoup : pendant ma pratique physique, vous surprendrez au pire un visage concentré mais plus souvent un sourire ou au moins un visage avenant, ou un éclat de rire quand je me retrouve sur les fesses dans bhujapidasana 😉 Je ne me demande plus ce qu’il faut que je mange mais ce qui me fait envie (et pourtant je continue à manger sainement, juste l’approche plaisir est toujours là et j’ai tellement plus de souplesse sans aucun dégât sur ma ligne lol). Voir mon corps changer, perdre beaucoup de force, je l’ai accepté comme un passage et je retrouve de jour en jour mon vrai moi. J’ai enfin appris à ne pas détester ce corps mais à le considérer comme un don, une machine merveilleuse qu’il faut respecter et entretenir si je voulais continuer à réaliser tout ce que je projette.

L’immersion en Inde est un apprentissage en lui-même, patience, acceptation…

Et aujourd’hui, j’enseigne le yoga! Il m’apporte tellement que je me sentais le devoir de partager ça. Tout s’est fait assez spontanément, une collègue qui me demande une initiation, accroche puis demande des cours réguliers et le bouche à oreille… Et j’adore donner des cours individuels, transmettre et surtout partager (j’apprends autant de mes élèves qu’ils apprennent de moi mais chut sinon ils factureront leur venue ;)).

Ce yoga teacher training et plus particulièrement mes professeurs, l’Inde, mes compagnons de formation m’ont appris trois valeurs essentielles que je m’efforce de cultiver chaque jour :

– le lâcher-prise et le non-attachement : apprendre à accepter les choses qui nous arrivent, à ne pas s’attacher aux résultats, à la perfection… Une des choses les plus difficiles à faire pour moi, perfectionniste, exigeante mais aussi une des vraies clefs de mon épanouissement personnel,

– que rien ne dure éternellement, aussi douloureux que cela soit de l’accepter, c’est une étape essentielle pour avancer dans tous les aspects de sa vie, du rapport aux autres, etc..

Le yoga, cette formation ne m’ont pas changée mais m’ont permise d’aller chercher mon vrai moi, bien caché sous les couches de dépression, conventions sociales, peurs et mensonges…

Pour finir sur une touche positive, j’ai tellement hâte de savoir ce que l’avenir me réserve, ce que sera mon prochain séjour en Inde. Mais surtout, j’ai appris à vivre dans l’instinct présent, à profiter et à sourire. Le chemin durera tout le reste de ma vie mais il me semble chouette, ce chemin, depuis quelques temps.


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