Les blessures en yoga

Bonjour mes yogis,

en ce dimanche ensoleillé (enfin ici), on va parler des blessures et douleurs musculaires qui peuvent survenir en yoga.

Bah oui, le yoga, c’est l’union du corps et de l’esprit, de la prise de conscience de ses limites, du respect de son intégrité physique mais c’est aussi une activité physique et en tant que telle, elle est susceptible de provoquer, aggraver une douleur ou être à l’origine d’une blessure.

Il faut d’abord faire la différence entre douleur réelle et simple gène musculaire. Une douleur vive, fulgurante n’est pas normale et doit conduire à arrêter la posture qui en est à l’origine, voire la pratique si la douleur persiste au bout de quelques minutes de repos.

Il est cependant normal de ressentir une chaleur au niveau des muscles à l’étirement, c’est même signe que vous exécutez la posture correctement et qu’il y a un réel étirement. Cette chaleur est signe que vous vous étirez mais attention elle ne doit pas être insupportable, aller trop loin dans l’étirement et repousser vos limites physiques conduira irrémédiablement à la blessure.

Le principe est d’être attentif à ses sensations. La chaleur à l’étirement doit être supportable et la sensation persiste pendant tout le maintien de la posture, elle n’apparaît pas soudainement. Vous avez un doute? Revenez un peu « en arrière » et maintenez la posture moins profondément. Avec une pratique régulière mais douce, vous parviendrez à faire des progrès dans le respect de votre corps. Un point important est aussi le siège de la sensation : une gène ou une douleur dans une articulation n’est JAMAIS normale. Il faut immédiatement cesser la posture même si cette douleur se situe dans une articulation qui ne vous semble pas exposée. Il y a forcément un manque de souplesse ou de forme qui ne provient pas forcément de l’articulation et cette douleur vous indique que vous n’êtes pas prêt à exécuter cette posture et qu’il faut travailler davantage ce point précis avant de retenter la posture douloureuse.

Je pense par exemple à la posture du lotus ou padmasana. Si vous ressentez une douleur ou gène au niveau des genoux ou chevilles, ce n’est pas normal. Il faut d’abord travailler l’ouverture des hanches pour permettre à l’articulation du ge.nou de libérer assez de place pour les ménisques internes et utiliser les variantes du lotus. Votre corps vous signifie que vous n’êtes pas prêt et persister conduira à une lésion du ménisque douloureuse et invalidante.

Il est également anormal qu’une douleur apparaisse soudainement, il s’agit sans doute d’un claquage. Il faut dès lors cesser toute pratique et prendre quelques jours de repos. La douleurs persistera souvent lors des mouvements quotidiens pendant quelques jours. Le froid, certaines pommades et médicaments peuvent soulager mais je vous conseille vivement de consulter un médecin pour déterminer le type de blessure et le traitement adéquat (un traitement peut être bénéfique pour un claquage et très mauvais pour une entorse attention).

Une blessure peut également apparaître en présence d’une blessure pré-existante ou mal soignée (souvent repos insuffisant) que la pratique d’une posture réveille. La pratique n’est alors pas en cause mais sollicite un muscle lésé comme toute autre activité physique. Si le médecin à prescrit le repos complet , le yoga en fait partie. La pratique peut être cependant adaptée selon le type de blessure et la zone lésée, parlez-en impérativement à votre professeur de yoga, tout comme de toute gène ou douleur qui surviendrait pendant le cours.

Le yoga peut également provoquer lui-même des blessures. Une mauvaise pratique en est alors la cause : la répétition d’un geste inadapté peut provoquer une tendinite par exemple ou persister à pratiquer le lotus malgré une douleur au genou conduite à une lésion méniscale à moyen terme.

Là intervient alors un des aspect essentiels de la pratique des asanas : l’alignement. En effet, chaque posture à un alignement précis qu’il faut impérativement respecter pour une pratique en toute sécurité. Le professeur doit indiquer les directives précises verbalement mais également décrire précisément toute nouvelle posture qu’il intègre dans une classe ( notamment lorsque le cours intègre de nouveaux participants ou débutants). Il se doit également d’ajuster les élèves pour corriger toute erreur d’alignement.

Et là apparaissent deux limites importantes :

– la multiplication des formations de professeurs de yoga : le yoga devient populaire, l’enseigner semble le job rêvé. L’enseignement du yoga n’est pas réglementé en France malgré une tentative des fédérations d’encadrer tout ça. La plupart des formations sont sérieuses : chaque alignement est vu en détail, les points positifs et les contre-indications de chaque posture également. Mais évidemment, on ne peut pas tout voir en 200 heures et quelques, ni toutes les postures, ni toutes les particularités. L’anatomie est évoquée bien sûr mais ne donne pas la connaissance d’un kinésithérapeute. Un professeur de yoga sérieux le sait et continue de se former tout au long de sa vie (personnellement je remercie ma formation d’éducateur sportif et ma pratique sportive pour m’avoir donné de solides bases et surtout je ne cesse de lire, me former et être à l’affût des formations).

– la pratique à la maison : rendre le yoga abordable pour tous est la mission de tous les professeurs, c’est même un devoir dans la pratique indienne de transmettre. Internet permet tout ça et c’est génial mais pratiquer seul, sans la correction d’un professeur, exposé un risque important de pratiquer un mauvais alignement. Même en le sachant. Je peux vous assurer que c’est très facile de repérer un alignement erroné chez un élève, moins de le repérer pendant sa propre pratique (on a tous nos petits défauts qui reviennent au galop sans vigilance) alors oui il m’arrive souvent de filmer ma pratique pour repérer mes erreurs et y faire attention (non non je ne traque pas ma cellulite, non non je ne suis pas narcissique lol)

Donc soyez attentif à votre pratique à la maison ou choisissez un professeur qui sache vous mettre en confiance, qui donne des directives précises et qui observe ses élèves et les ajuste au besoin.

Pour résumer, pour éviter les blessures :

– on veille à l’hydratation. En ashtanga, il est déconseillé de boire avantage pendant et juste après la pratique mais veillez à vous hydrater régulièrement comme pour toute autre activité physique.

– on s’échauffe suffisamment surtout à la maison. Non non on ne commence pas par paschimottanasana au lever du lit. L’échauffement le plus courant reste la pratique de plusieurs salutations au soleil. Choisissez ce que vous préférez mais échauffez-vous, cela évitera claquages et compagnie.

– on écoute religieusement les indications de son prof de yoga (non on ne pense pas à son menu pour le déjeuner en famille) et on s’écoute.

– on parle à son professeur. On arrive 5 minutes avant le début du cours ou on reste après mais on lui PARLE et on le questionne. Et surtout on stoppe immédiatement toute posture qui génère une douleur vive et on lui explique. Le professeur est un professionnel qui a appris à adapter ou déconseiller la pratique de certaines postures mais il doit connaître bien évidemment les spécificités de chacun.

– on abuse des blocs, sangles, coussins, couvertures, ce sont des outils très utiles pour soulager la tension des articulations et pratiquer en toute sécurité. Monsieur Iyengar avait tout compris….

– on place l’alignement au centre de sa pratique physique (et pour ceux qui pratiquent à la maison, soyez patients, j’arrive bientôt avec une petite aide)

Enfin, une des notions centrales du yoga est l’Ahimsa, la non-violence. Elle s’adresse en premier lieu à vous mêmes : le yoga n’est pas dans la performance et dans l’acharnement mais dans l’acceptation de ses limites et un travail continu pour les repousser dans la mesure du possible et toujours dans le respect de l’intégrité physique.


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